MUSIQUE

Pourquoi nourrir une passion pour la musique ?

La musique est à mon sens l’expression artistique qui permet le plus de partage et suscite la plupart du temps des émotions et un plaisir incomparables, accompagnant nos prières, nos méditations, nos danses et nos cérémonies. De tous temps, les hommes ont donné une place prépondérante à cette discipline dont les vibrations et les rythmes sont étroitement liés à notre bien-être. La médecine chinoise ancestrale prescrivait la pratique musicale comme une source d’équilibre. Pythagore a consacré bien des études à la compréhension de l’harmonie et nous savons aujourd’hui combien la musique permet un meilleur développement cognitif des enfants, qu’elle adoucit les mœurs car elle a notamment des vertus anxiolytiques et analgésiques.

Mon père jouait du piano régulièrement, adorant interpréter des pièces maitresses de Franz Liszt, de Chopin, de Richard Strauss… Sa virtuosité et son aisance nous semblaient tellement normales… Notamment parce que je ne l’ai jamais entendu vanter de quelque façon que ce soit sa passion pour sa pratique pianistique. Pourtant, il aurait pu. C’était un sacré pianiste !

A l’âge de 12 ans, un événement simplement festif a été un virage dans mon existence. Un groupe sud-américain, les Machucambos, est venu déjeuner avec femmes et enfants dans l’hôtel de mon père. Ce fut festif parce qu’en fin de repas, ils ont été chercher leurs instruments pour jouer spontanément. Nous les avons écouté un moment puis, mon père a joué pour eux… C’était après le déjeuner. Mon père les a alors invité pour le repas du soir, leur proposant en contrepartie une scène ouverte… La soirée fut inoubliable pour moi, tant sur le plan musical que convivial. Le leader, Alban Zapatta, m’a fasciné.

Mon père m’a alors inscrit au conservatoire où étaient les enfants de ces musiciens et pendant trois ans, j’ai étudié la guitare classique avec la musique latino des Machucambos comme inspiration. Je n’ai fait que trois ans de conservatoire mais j’ai ensuite toujours pratiqué, emportant ma guitare lorsque j’embarquais sur les navires de la marine marchande. Dans l’aviation, j’avais une guitare « démontable » que je pouvais caler dans ma valise.
Puis vers la quarantaine, j’ai rencontré des difficultés car je souffrais de tendinite, la guitare étant un instrument qui sollicite beaucoup les mains.
Je me suis tourné vers le saxophone et le chant, puis la clarinette grâce à ma fille Aurore qui en jouait. En 2012 et 2013, j’ai fait deux années scolaires à l’IMFP (Institut Musical de Formation Professionnelle à Salon de Provence). Ce fut deux années d’enseignements d’un excellent niveau en harmonie, en rythme, en improvisation, en cours de groupe… Fabuleux !

Je n’ai jamais approché l’écriture et la composition. Je n’en suis pas moins heureux d’être musicien, sans grande prétention.

Ma toute première expérience de choriste fut les Choramis, un groupe Gospel dans l’Uzège (Gard) avec une cinquantaine de choristes sur scène, la découverte du chant en chorale comme ténor, le plaisir de ces chants très expressifs et extrêmement dynamiques. J’ai commencé à prendre des cours de chant avec Rachel Baudry…

J’avais été tenté par l’expérience des Choramis grâce à mon amie Sarah… et c’est sur les traces de ma fille Aurore que j’ai rejoint l’orchestre de rue, la Banda Brutti, toujours sur Uzès. Formation incroyable, un peu déjantée, truculente, associée à une batucada… de l’énergie et de la joie en musique !!! J’y ai d’abord joué au sax ténor et toujours avide de nouvelles expériences, j’ai adopté le hautbois languedocien, instrument tombé en désuétude qui était alors relancé grâce aux talents du luthier nîmois, Bruno Salençon, lui-même excellent musicien ! La Banda Brutti était dirigé par Clément Baudry, un musicien hors pair, flûtiste de formation, sachant jouer tous les instruments de l’orchestre, prodiguant des cours aux débutants avec une patience généreuse… dirigeant cet orchestre de rue dans une ambiance jubilatoire.

La Banda Brutti était l’une des nombreuses activités de l’association « Les Ravis de la Carcarie ». En Provence, les ravis sont des simples d’esprit bienheureux et la Carcarie était la grosse colline du coin… Tous les ans, ils produisaient une Pastorale pendant les fêtes de fin d’année, représentation théâtrale chantée et parlée en provençal de la célébration de la Nativité. Nous étions 60 sur scène ! Acteurs, musiciens et choristes, une chorale d’enfants… des décors créés pour ces Pastorales et quatre mois de répétitions intenses. Les paroles étaient réécrites d’année en année afin d’être des évocations croustillantes de l’actualité… J’y prenais le rôle d’un gitan guitariste et Clément m’avait confié certaines années la charge de conduite l’orchestre, comprenant toute la difficulté de cette fonction… Au début, je parvenais à faire louper même les musiciens qui connaissaient parfaitement leur partition !!!

François et Canette Baudry, les parents de Clément ont une guinguette dans les environs d’Uzès qui offre des spectacles tout au long de l’année. François, musicien et sculpteur sur pierre, est originaire de Marseille. La guinguette a été décorée en utilisant l’esprit des calanques, de l’univers de Marcel Pagnol et Vincent Scotto. Ce couple est inimitable pour nous réjouir avec leur répertoire de chansons humoristiques.

Tous les étés, les Baudry organisent une journée « marseillaise » qui débute à l’apéritif à midi et dure toute la journée. On se shoote à l’EPO (Eau, Pastis, Olives), on déguste une aïoli et surtout, on chante, on joue le répertoire du « jazz marseillais » et on emmagasine tellement de bonne humeur que l’on garde le sourire dans son sommeil jusqu’au bout de la nuit.

J’y étais clarinettiste car la clarinette devenait mon instrument de prédilection.

Grâce à Clément et Rachel, j’ai découvert les Canards Sauvages, un groupe vocal d’Uzès qui propose depuis plus de trente ans des répertoires du monde sur des arrangements mis en place par Viviane Simon, son excellente cheffe de chœur. Le nom de ce groupe avait été choisi en adoptant le nom d’un oiseau migrateur tout désigné pour symbolisé les voyages par le chant et avec un clin d’œil malicieux : en musique un canard est une fausse note ! J’ai quitté les Choramis et Viviane m’a accueilli. J’y ai passé des années magnifiques tant sur le plan humain que musical. Viviane est une musicienne professionnelle de grand talent, flûtiste, sachant être très exigeante sur les interprétations, la justesse et le contrôle de la puissance de voix, les placements rythmiques… tout en restant toujours respectueuse et cordiale dans sa façon de diriger le chœur. Un autre aspect intéressant, les choristes sont aussi pour certains d’entre eux musiciens. Guitaristes, accordéoniste, harpiste, percussionnistes, contrebassiste, flûtiste (Viviane!) et clarinettiste (ma pomme !)… Les arrangements sont parfois a cappella, parfois accompagnés d’un ou deux musiciens, parfois orchestrés avec tous les instrumentistes du groupe. Enfin, les concerts sont d’autant plus vivants que chaque chant est interprété avec une mise en scène concoctée par Jean Ribault, professionnel expérimenté en spectacles vivants d’Avignon. 

En 2018, je prends la décision de quitter le Gard pour aller m’installer en Isère afin de me rapprocher de mon fils Kévin car il y est installé depuis une dizaine d’années. Cela a été un crève-cœur pour mes activités dans l’Uzège, notamment les Canards Sauvages que j’ai quitté avec beaucoup de regrets. Ne connaissant personne dans la région de Saint Marcellin, le bon moyen de se créer un tissu relationnel, c’est l’implication dans la vie culturelle. J’ai rejoint la Lyre Saint Marcellinoise, orchestre municipal ayant quelques décennies d’existence ! Le répertoire n’a pas d’orientation culturelle particulière, reprenant des thèmes connus. L’ensemble est assez bon avec certains instrumentistes d’excellent niveau. On me propose d’y jouer la clarinette basse, instrument étonnant que j’avais découvert avec l’ami Clément Baudry pour certains projets des Ravis de la Carcarie. J’accepte avec enthousiasme. Mais je déchante très vite car la clarinette basse prêtée par l’orchestre est un instrument de piètre facture et il est quasiment injouable. Qu’à cela ne tienne, je décide de m’offrir une clarinette basse de très bonne facture car l’idée de prendre un pupitre avec cet instrument à la Lyre Saint Marcellinoise me plaît.

Si la clarinette basse est devenu mon instrument de prédilection, l’aventure avec la Lyre s’est abrégée en 2019 car le contexte pseudo sanitaire du Covid fait annuler tous les projets, remet en question même les conditions de répétition… Je choisis d’essayer l’orchestre de mon village, Chatte. Mais les problèmes sont similaires… Et tout ce que nous parvenons à faire, c’est un l’enregistrement à domicile d’une musique pour Noël qui est mixé et diffusé sur les réseaux. C’est mieux que rien. Mais en terme de convivialité, on peut faire mieux ! Santa Claus is coming to town…

Début 2021, mon fils Kévin se lance dans la réalisation d’Adàmà, le premier album de son groupe KéwènKa, enregistré en studio. Il invite quelques amis musiciens pour certaines des chansons, Marie la flûtiste, Sébastien le trompettiste, les chanteuses Emma et Loule, Kolibri le rappeur… Je participe en composant certains arrangements et en jouant des accompagnements sur 5 titres tantôt au sax, tantôt à la clarinette basse.

Finalement, cette prétendue « pandémie » aura eu des effets positifs inattendus. D’une part, cela m’a donné le temps de réaliser que jouer au sein d’orchestres, aussi bons soient ils, mais n’ayant pas de projets particuliers, jouant depuis des lustres un répertoire de morceaux connus peu évolutif, n’était pas de nature à me combler. La richesse de l’expérience des Canards Sauvages m’a rendu exigeant car ils changent de répertoires régulièrement. Viviane déniche des morceaux en dehors des sentiers battus, utilisant des mises en scène, pas de chorale statique, les nez plongés dans les partitions, offrant des « concerts de fronts » aux spectateurs qui ne croisent le regards des choristes qu’accidentellement… Je n’ai pas retrouvé de chorale ayant cette dynamique, un répertoire captivant et novateur… Et pourtant, j’aime le classique, le baroque, le jazz, le gospel, le latino, le brésilien, la country music, la chanson française, le flamenco…

Création du groupe Jazz Ball…
Grâce aux rencontres faites dans les manifestations, j’ai fait la connaissance de Jean-Pierre et Laurence, trompettiste et chanteuse, qui ont continué d’organiser des concerts, des expos même sur les périodes où, de façon malsaine, la vie culturelle était in-ter-di-te… Merci à eux ! De fil et en aiguille, nous avons constitué un groupe de jazz avec Pascal et Marijo. Elle est flûtiste. Il est excellent musicien, pianiste, guitariste et contrebassiste avec une expérience précieuse de chef d’orchestre. Bruno nous a rejoint avec sa guitare. Hervé, bon pianiste jazz et Gilbert, chouette batteur, ont complété le groupe. Les répétitions sont conviviales. La bonne humeur est de rigueur. Il n’y a pas de querelle de petits chefs comme parfois. Ce n’est pas simple de se trouver un groupe. Il faut avoir des « envies » musicales similaires et avoir du plaisir à être ensemble ! Même si les individus ont plaisir à se retrouver, si l’un est baroqueux et l’autre rocker, « ça ne le fait pas ! ». Nous avons commencé à jouer sur quelques scènes modestes… Le nom du groupe a été choisi du fait que nous répétons chez Jean-Pierre et Laurence dans une salle qu’ils avaient consacrée à un dispositif d’entraînement au golf, puisque c’est l’un de leur hobby. Donc, Jazz Ball !!! J’ai fait un premier logo…

L’ensemble de clarinettes de Chatte

On n’est jamais à l’abri d’un coup de pot : je rencontrais quelques difficultés pour « dompter » la clarinette basse et j’ai trouvé à l’école de musique de Chatte un prof de clarinette qui possède exactement la même clarinette basse Buffet Crampon Tosca !!! Excellent pédagogue, sachant marier l’exigence et la bonne humeur, Benjamin a eu l’idée fameuse de constituer un ensemble de clarinettes auquel je me suis associé immédiatement… avec cette qualité de rassembler des jeunes clarinettistes de l’école de musique et des musiciens « moins jeunes » et je ne suis pas le plus âgé du groupe !!! Les répétitions pendant l’année scolaire 2021-2022 ont abouti à un petit concert à Chatte le 25 juin. Que du bonheur !

Cela peut sembler curieux de concevoir un orchestre n’ayant que de clarinettes. Pour mémoire, il a existé des bagads de clarinettes en Bretagne ! Afin d’entendre le résultat, voilà deux exemples de morceaux que nous avons joués ce 25 juin: « Air Scandinave » de Joseph Zemp et « 8 1/2 » de Nino Rotta, musique du film du même nom de Frederico Fellini.

L’opportunité s’offre aussi de quelques soirées comme la fête des 5 ans du P’tit restô de la Tarte à Fat à Chatte où nous avons le plaisir de jouer en scène ouverte. La musique était pleine de peps avec Antony à la guitare, Paul à la Basse, Patrick à la batterie, Ali aux bongos, Tristan au clavier…

L’excellente Elisabeth Brunel laisse sa place de directrice de l’école de Chate à Benjamin Léopold. Benjamin avait créé un ensemble de clarinettes qui reprend de plus belle pour l’opus 2022-2023.

Il crée aussi un atelier jazz et une classe d’improvisation jazz grâce à l’arrivée de Thibault, doté d’une solide formation en la matière et une pédagogie toute en bienveillance. Que du bonheur!

La « Milonga del angel » d’Astor Piazzolla interprété par l’ensemble de clarinettes

La « Petite musique de nuit » de Wolfgang Amadeus Mozart interprétée par l’ensemble de clarinettes

Stolen Moments joué par le tout nouveau atelier jazz

Song For My Father joué par l’atelier jazz

L’école de musique de Chatte propose des ensembles de musique, orchestre des jeunes élèves (que je suis heureux d’accompagner à la clarinette basse), atelier jazz, atelier d’improvisation, ensemble de clarinettes… Je suis heureux d’être le plus actif dans toutes ces initiatives intéressantes en soutenant le plus possible le nouveau directeur, Benjamin Léopold (dont la pédagogie est excellente, l’esprit plein de générosité et d’humour!).

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