ECRITURE

Comment on peut développer une passion pour l’écriture, poussés par l’enthousiasme de nos enfants !

– Papa, franchement, toutes tes histoires, il faudrait que tu les écrives !
Peut-être était-ce la énième fois que je racontais telle ou telle anecdote de mon existence… à l’occasion de soirées, de moments amicaux ou familiaux ! Mais pour certaines d’entre elles, mes enfants ne se lassaient pas de les écouter. J’avais bien conscience que certaines de mes expériences n’avaient rien de banal !
Qui n’a pas rêvé d’avoir le temps et l’énergie de se lancer dans l’écriture ? Mais, pour la plupart d’entre nous, la tâche semble nécessiter un investissement personnel disproportionné à nos activités, professionnelles, familiales, associatives, culturelles pour lesquelles nous avons déjà pris des engagements.

Le déclic fut la lecture de livres de nouvelles écrits par une grande amie de mon épouse, chez qui nous séjournions pour quelques jours. Catherine, institutrice, femme cultivée et chaleureuse, avait écrit des livres délicats que je découvrais avec bonheur. Elle m’a raconté son parcours modeste mais touchant d’écrivain. J’étais ému. Merci à elle, car elle a été l’impulsion pour me lancer dans l’écriture.

Pour vous procurer un de mes livres (commandes possibles sur les réseaux libraires, Hachette, FNAC, etc), le mieux est encore de le commander à l’éditeur, BoD… ou de me le demander, comme ça vous aurez même une dédicace en prime !

J’ai donc commencé à écrire mes péripéties. Mes seuls outils étaient ma volonté de donner de la « gueule » à mes aventures, éviter des narrations dignes de rapports litaniques, sans romancer pour autant, trouver les mots pour que ces anecdotes soient captivantes. Mon expérience en terme d’écrivain se résumait à peu de choses. Cela a donné une autobiographie intitulée « Traversées et turbulences / Portrait d’un touche-à-tout ». J’avais effectivement multiplié plusieurs expériences professionnelles depuis les passerelles des navires de commerce, la pêche aux casiers en Manche, l’artisanat en publiciste, créateurs de logotypes, imprimeurs et sérigraphes, l’aviation civile régionale et l’aviation d’affaire en jets privés…
Sur le plan personnel, une épreuve fut un véritable virage dans mon existence, celle de la séparation avec Mimi, après 20 ans de vie de vie commune et trois enfants. J’ai conscience qu’avant ce coup de fouet magistral, j’étais un peu un néanderthalien, heureux de vivre et exubérant, mais manquant singulièrement de profondeur… Puis une période difficile m’a éprouvé avec le décès de mon fils Sylvain en décembre 2007 (28 ans), un divorce douloureux en janvier 2009 et un incendie dans lequel j’ai tout perdu en décembre 2009. 2011 fut une année difficile compte tenu de ma perte d’emploi et de la remise en question personnelle induite. Enfin en 2015, ma fille Aurore succombe à un cancer (37 ans). L’écriture fut un exutoire et une façon de partager les enseignements que j’ai tirés du dépassement de soi, du lâcher-prise, de la sagesse indispensable de l’acceptation, de l’ouverture à l’humanisme et à un certain relativisme. L’une de mes phrases fétiches lors de difficultés : quand on a que ça comme problème dans la vie, c’est que la vie est belle !!!
Vous voulez être heureux ? Alors, soyez-le !

Pendant ces mois d’écriture, il me semblait avoir deux vies parallèles. Celle exaltante de mon roman et je me levais parfois préoccupé par l’idée qu’il fallait que je parle à l’un quelconque de mes personnages !!! Et celle moins passionnante de ma vie « réelle », du moins me semblait-il !

J’avais pris conscience qu’écrire n’est pas une expression artistique qui peut s’improviser sans une véritable démarche esthétique et émotionnelle. Dynamisé par quelques stages d’écriture, je me suis enthousiasmé pour une anecdote qui avait bouleversé la vie du père de mon parrain, une erreur funeste d’inversion de lettres dans leurs enveloppes pendant la guerre de 14-18. Partant de cette anecdote de courriers mal expédiés, j’ai construit une aventure pleine de rebondissements, d’amours brisées, de retrouvailles inespérées et de destins malmenés. Ce fut un travail de presque deux années pour un roman historique, «Lettres détournées» (décembre 2017). J’avais choisi l’exercice délicat du roman historique qui impose de créer une fiction dans un cadre narratif le plus fidèle possible à ce que nous retenons de l’Histoire.

Comment était traité le courrier des « poilus » ? Comment étaient-ils pris en charge lorsqu’ils étaient blessés ? Que s’est-il passé entre les deux guerres ? Comment l’armée américaines s’est-elle impliquée pendant la guerre de 39-45 ? Et puisque mes personnages évoluaient dans le monde de la viticulture, quels sont les travaux menés dans les vignes tout au long de l’année ? Quelles furent les réalités et les conséquences du phylloxéra ?

Quelles journées passionnantes de documentation ! Mais surtout, quelles moments exaltants d’écriture ! J’étais comme l’acteur de théâtre qui incarne son personnage. A chaque chapitre, je me replongeais dans mes fiches détaillées pour chacun de mes personnages afin de me mettre émotionnellement à leur place, imaginer ce que je ressentirais si j’étais eux, confronté à la situation que je leur infligeais. Car quand vous êtes romancier, vous êtes dieu ! Vous décidez du sort des gens, de leur capacité à surmonter les épreuves auxquelles vous les confrontez ! Vous pouvez les condamner à mort, ou les gracier ! Vous pouvez leur apporter tout l’amour de la terre ou les jeter dans la solitude la plus terrible…

 

 

En utilisant ce lien, vous pouvez parcourir les premières pages de ce roman dont le titre fut difficile à trouver puisque je ne voulais pas reprendre un titre existant et les noms d’ouvrages utilisant le mot « lettres » sont nombreux !!!

ANECDOTE…

Je me lève la plupart du temps très tôt pour activités d’écriture ou de peinture. Alors que je cherchais les mots les plus poignants pour raconter la mort d’un de mes personnages, belle mort à un âge vénérable, découverte par son épouse ayant partager tant de décennies à ses côtés alors qu’elle s’étonnait qu’il ne réponde pas quand elle l’appelait pour le déjeuner… Totalement plongé dans le chagrin immense de cette femme, j’écrivais en pleurant, laissant les émotions me submerger car cela me permettait de trouver les mots justes.Il était 7 heures du matin et mon épouse me découvre en pleurs.« Mon dieu, que se passe-t-il ? Pourquoi pleures-tu ? ». « Léonce vient de mourir… ». « Qui vient de mourir ??? ». J’ai soudain réalisé le quiproquo énorme… Je l’ai immédiatement rassurée et nous en avons bien ri.

J’ai fini les dernières pages de « Lettres détournées » fiévreusement comme on dévore les dernières pages d’un roman qui vous a passionné. Il m’a fallu me résoudre à rédiger les derniers mots en les appréhendant comme tels… comme on regrette parfois qu’un roman si captivant soit fini. Et alors ? Et après ? J’étais à plus de 700 pages. Il me fallait être raisonnable. La chute de mon histoire, après 80 années de rebondissements romanesques pour mes personnages, me semblait bien trouvée, assez émouvante, sans grandiloquence ridicule.

Retrouver une idée de roman qui puisse me passionner autant que les « Lettres détournées » semblait bien difficile. Le temps passe et c’est en parcourant quelques temps plus tard le Chemin de Compostelle sur sa partie espagnole qu’une idée m’a séduite. Le Camino Francès va de Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu’à Saint Jacques-de-Compostelle, Santiago pour les Espagnols, sur 740 km. La marche « au long cours » apporte souvent une sorte d’état méditatif laissant nos esprits s’évader… De surcroît, le Chemin de Compostelle a une connotation importante de pèlerinage religieux où les gens font une démarche parfois un peu mystique, où des associations ont entraîné des jeunes en perte de repères pour les inviter à certaines prises de conscience…

Sur le Chemin de Compostelle, on fait beaucoup de rencontres, des pèlerins que l’on suit quelques jours, d’autres que l’on perd de vue et que l’on retrouve plus tard, ou jamais… Tant et si bien que tout en progressant, les gens se trouvent, se retrouvent, se perdent, se cherchent… Il n’en fallait pas plus pour m’inspirer une fiction mettant en scène un délinquant à la recherche d’une personne essentielle pour son existence alors que, bien évidemment, s’investir dans un pèlerinage est aux antipodes de ses centres d’intérêt !

Le gros avantage en comparaison des « Lettres détournées » est que je n’avais pratiquement pas besoin de travail de documentation. Les réalités du Camino m’étaient connues puisque que je venais de le faire ! L’idée était également de créer un roman plus « léger », moins intense sur le plan narratif et plus court en nombre de pages…

J’ai « bouclé » le Camino d’Arthur avec un esprit de fête, heureux de cette aventure, relisant les chapitres comme autant de bons moments. J’avais trouvé une intrigue dont l’issue n’était pas facile à intuiter, même pour mes complices de l’écriture qui, pourtant, avait vécu la progression de cette fiction chapitre après chapitre. Mais j’avais déjà à l’esprit une convoitise littéraire : écrire un roman plus investi dans une quête humaniste, celle d’un plaidoyer pour une minorité ethnique du Nord du Pakistan que j’avais découverte en 1975, lors de mon voyage avec Mimi, alors ma jeune épouse.

Une recherche documentaire s’imposait pour que ma fiction respecte les réalités culturelles, les coutumes et le contexte géographique des Kafir Kalash. Or, une exposition leur était consacrée au Musée des Confluences de Lyon grâce aux contributions de Jean-Yves Loude et Viviane Lièvre, deux ethnologues qui ont réalisé de nombreux travaux d’études anthropologiques sur ce peuple. Je les ai contactés pour prendre conseil et ils ont répondu favorablement ! J’ai acheté plusieurs de leurs ouvrages consacrés aux Kafir Kalash et je me suis lancé dans une étude la plus détaillée possible de cette minorité ethnique surprenante.

J’ai également repris contact avec Georges Lefeuvre qui avait une longue histoire avec les Kafir Kalash, ayant contribué notamment à la réalisation d’un dictionnaire et de la transcription écrite de leur langue qui n’avait été jusqu’alors que transmise en tradition orale. Mais la reconnaissance de ce peuple et de sa culture par les instances internationales imposait de pouvoir les promouvoir de façon écrite. Georges est un ami depuis notre voyage avec Mimi au Pakistan en 1975. Je lui avais demandé d’être le parrain de mon fils Sylvain.

J’ai conçu un scénario sur la base d’une aventure qu’avait vécu un pilote – pour lequel j’ai travaillé au début de ma carrière de pilote – au-dessus de la forêt équatoriale gabonaise ; son avion tombant en panne, il a survécu grâce à l’assistance de tribus locales qui lui ont permis de revenir sain et sauf à Libreville deux mois plus tard. Il avait déjà été déclaré mort à l’état civil !

Dans les années 70, alors que Gaston Crouzet, pilote de l’armée de l’air française, se remet d’un crash survenu en opération sur une zone de conflit, il se voit confié des vols de démonstration du Breguet 941 au Pakistan. Ce qui aurait dû être une mission sans histoire va prendre une toute autre tournure. Survolant les montagnes inhospitalières de l’Hindou-Kouch, il va devoir se poser en catastrophe. Avec son homologue pakistanais, ils vont survivre grâce à l’accueil bienveillant de la communauté des Kafirs Kalash, une minorité ethnique polythéiste et chamanique à la culture ancestrale, réfugiée dans ces hautes vallées depuis des siècles et résistant à l’islamisation brutale des sociétés musulmanes environnantes. Gaston va découvrir la richesse de cette culture étonnante, y puiser un amour profond et se tirer du guet-apens dans lequel il avait été piégé.

Grâce aux relectures de Jean-Yves Loude, de Georges Lefeuvre et de ma sœur Martine qui, ayant vécu au Pakistan, avait eu l’opportunité d’étudier les coutumes des Kafir Kalash et de réaliser certaines publications pour le Musée de l’Homme concernant les Kafir Kalash, j’ai pu finalisé cette fiction en étant serein quant au respect de la culture kalash. Il est peu probable que mon roman puisse plaider pour les intérêts de cette minorité qui souffre des spoliations, des conversions brutales à l’islam, des exploitations touristiques de leur existence. A mon humble mesure, j’aurais contribué à vanter les qualités humaines, culturelles et religieuses de ce peuple remarquable.

L’évasion dans le monde des Kafirs Kalash m’a laissé une sensation de vide quand j’ai terminé son écriture… J’avais vécu littéralement « avec eux » pendant de longues semaines. Je m’étais attaché à mes personnages… Je regrettais de ne pas pouvoir prendre de nouvelles de Gaston et Gali ! Et puis, je me suis tourné vers une autre page de mon existence, celle de la marine marchande. Presque dix années à parcourir les océans ! L’envie m’est venue de trouver une belle intrigue de roman noir se déroulant sur un pétrolier battant un pavillon de complaisance, un peu comme celui sur lequel j’ai navigué deux fois avant d’abandonner le long cours. En m’inspirant d’anecdotes vécues ou dont j’avais entendu parler, en me souvenant de quelques personnalités atypiques et en y mettant un soupçon de mon vécu, j’ai trouvé une histoire de pilotins, comme celui que j’avais été, mais auquel j’ai infligé une destinée digne… d’un roman noir !

Pour son premier embarquement au long cours sur un navire de la marine marchande, Erwan découvre l’Harpago, un pétrolier exploité sous pavillon Kerguelen. C’est un univers très éloigné de celui des grandes aventures passées de la navigation hauturière qui l’avaient fait rêver. Son enthousiasme va rapidement être confronté aux relations parfois tendues dans le microcosme d’un équipage englué dans de vieilles rancœurs… et surtout à la disparition suspecte d’un officier mécanicien à la personnalité perverse, qui inflige des mesures d’isolement aux jeunes marins par simple machiavélisme.

Accusé d’en être l’instigateur par soif de vengeance, Erwan va subir des événements dramatiques, entraîné bien malgré lui dans des hostilités dont il ne peut soupçonner les cruelles origines.

Les publications illustrées !

Mon fils Kévin a consacré plus de six mois au début de l’année 2021 à la réalisation d’un album enregistré en studio et dont il a soigné l’esthétique en utilisant une toile de son amie peintre Karin Peyrin qu’il lui avait spécifiquement commandé pour ce projet. J’ai d’ailleurs eu le plaisir de participer en accompagnant, à la clarinette basse ou ou sax ténor, certains des titres de l’album.

Au cours de l’été, alors qu’il attendait fébrilement la livraison des albums, nous sommes revenus sur son idée de publier un jour un livre de poésie puisqu’il en écrit depuis des années. Je lui propose alors de lui concocter un cahier de chansons des titres chantés sur son album et d’y joindre des poésies et le conte Adàmà, cœur de tout ce projet artistique, sachant que j’ai quelques compétences en terme de composition graphique, de mise en page et de publication !

Ce sera quatre mois de travail minutieux pour obtenir une qualité graphique la plus soignée possible. Je ne suis donc pas auteur d’aucune des oeuvres reproduites… je ne suis que le « metteur en scène »! Kévin est ravi du résultat d’autant qu’il a reçu bien des retours enthousiastes – notamment une préface remarquable de Marc Vella – pour cette réalisation très originale ! En effet, l’association partitions – poésie – créations graphiques et conte est innovante.

Associé au 1er album du groupe KéwènKa (chanson française & slam), cet ouvrage aborde la vie à travers 14 chapitres, traitant pour la plupart de grands thèmes de la vie (amour, espoir, liberté, spiritualité,…).
Socle fondateur de ce livre, le conte intitulé « Adàmà » s’adresse à tous les âges, et fait l’objet du 14ème chapitre. Hormis ce dernier, les autres chapitres associent des écrits (poèmes et prose de Kévin Quentric, citations d’autres auteurs), une chanson (paroles, mélodies, accords) et de magnifiques illustrations (Karin Peyrin, Laura Recoussines, Jean-Yves Quentric, Rose de Lune).

Présentation en vidéo de la sortie de ce « Cahier de chansons de l’album Adàmà » lors d’une émission de radio

Lien vers la page du site de KéwènKa, présentant son Cahier de chansons, prose et conte. Vous pouvez notamment y lire la très belle préface de Marc Vella !

Alors que nous venions juste de boucler l’édition de ce « Cahier de chansons de l’album Adàmà », je passe quelques jours chez ma sœur aînée, Martine, pendant les fêtes de fin d’année. Nos échanges nous amènent à prendre conscience que notre famille avait une particularité assez sympathique en terme de création artistique !

Sur ce projet, nous avons été efficaces puisque nous avons réalisé l’ouvrage en moins de quatre mois ! Il a fallu rassembler toutes les photos d’oeuvres, bien souvent les retoucher et les recadrer, convenir ensemble (Martine et moi-même) des mises en page, des textes de présentations en consultant évidemment tous les artistes se joignant à ce projet… Mais nous sommes heureux de cette consécration familiale et du résultat esthétique, artistique du résultat ! Sans compter que cela nous a donné l’occasion d’honorer la mémoire de nos chers disparus, d’avoir le plaisir de vivre ensemble cette « aventure » artistique, avec mes sœurs Martine et Brigitte, mon fils Kévin, ma nièce Nathalie et mes petites nièces Audrey et Charly !
Seul bémol, cela fait fait un ouvrage de 140 pages en qualité premium (afin que les oeuvres soient bien mises en valeur) et cela induit un coût d’achat à l’unité très élevé : 49 €. Très clairement, peu de gens l’achèteront…